En 1865, le gouvernement de Napoléon III décidait que les chemins de fer d’intérêt local seraient mis en œuvre sous la houlette des conseils généraux.
Cette décision était complétée en 1880 par le Ministre des travaux Publics, Monsieur Charles de Saulces de Freycinet qui précisait que les lignes départementales auraient un écartement de 1 mètre. C’est dans ce cadre que le Conseil Général de la Meuse conçut un plan de transport qui devait quadriller le département.
Dès 1883, la première ligne à voie métrique était réalisée par Monsieur Soulié, ingénieur à Paris et inaugurée en mai. Elle courait de Haironville à Triaucourt en passant par Revigny-sur-Ornain.
Elle avait été construite à l’économie, établie le long des routes et empruntait les ouvrages existants.
La CFIL tomba rapidement en faillite et l’exploitation fut réalisée par le Conseil Général en régie. La seconde ligne vit son achèvement en mai 1887. Elle allait de Bar-le-Duc à Clermont-en-Argonne avec une bretelle permettant de rejoindre Vaubécourt à partir de Rembercourt-aux-Pots.
Son propriétaire était Charles Varinot, constructeur de voies ferrées très connu dans toute l’Europe. Le Conseil Général lui confia, à cette occasion, l’exploitation de la ligne Haironville-Triaucourt.
A sa mort en 1891, ce sont ses gendres qui prirent sa succession et créèrent la Compagnie Meusienne de Chemin de Fer avec l’aide de deux amis.
Ils réussirent à faire lever le veto qu’opposaient les militaires à l’établissement d’une ligne à voie métrique entre Bar-le-Duc et Verdun. Cette ligne fut inaugurée en 1895.
1912 vit la construction d’un embryon de ligne qui, partant de la Vaux-Marie, se limitait à Pierrefitte-sur-Aire. Cette ligne aurait dû se prolonger jusqu’à Vigneulles-Lès-Hattonchâtel. Les événements en décidèrent autrement…
Une autre ligne fut mise en service en juin 1914 : la ligne de la Woëvre qui reliait Commercy à Montmédy.
Un embranchement greffé à Vaux-devant-Damloup permettait de rejoindre la gare meusienne de Verdun. Elle appartenait à la SGCFE, communément appelée «Les Chemins de Fer Economiques».
La Compagnie Meusienne mettait en œuvre une quinzaine de locomotives de type 030T, 031T ou 021T, le plus souvent de marque Corpet, puis Corpet-Louvet. Quelque trois cents voitures à voyageurs et wagons divers constituaient le parc de la Compagnie.
Les trains étaient souvent mixtes « voyageurs-marchandises » d’où des manœuvres nombreuses dans toutes les gares pour accrocher ou décrocher les wagons, ce qui abaissait considérablement la vitesse commerciale des convois (12 km/heure environ).
Outre des voyageurs transportés dans des conditions spartiates (pas de toilettes, banquettes en bois, éclairage insuffisant, chauffage inexistant remplacé par des chaufferettes), le gros des revenus de la Compagnie étaient le fruit du fret des marchandises, matériaux pondéreux, produits finis.
Le tronçon de ligne de Haironville à Revigny-sur-Ornain, par exemple, avait été mis en œuvre à la demande des nombreux industriels de la vallée de la Saulx, qui, en outre, avaient financé le port de Contrisson sur le Canal de la Marne au Rhin.
Le chemin de fer était ressenti comme un grand progrès par les Meusiens du secteur. Les voitures étaient fréquentées, naturellement, par des gens qui se déplaçaient pour leur travail : représentants de commerce, colporteurs, forestiers, paysannes allant écouler leur surplus de production aux marchés de la ville la plus proche.
Le dimanche était l’occasion pour la jeunesse de se retrouver aux bals des environs, aux fêtes votives, au pèlerinage de Benoite-Vaux… Combien d’idylles se sont nouées à cette occasion dans les voitures brinquebalantes du Meusien ?
Les villageois découvraient également les villes et leurs attraits, enviaient souvent les ouvriers qui semblaient avoir une vie plus facile… Ou accusa donc le Varinot de dépeupler les campagnes…
Nous étions dans la période que nos ancêtres nommèrent la « Belle Epoque »… Mais déjà, des nuages noirs s’accumulaient à l’horizon… 1914 approchait à grands pas !
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